La route des verres d'Alsace
Portique de Mulhouse Haute-Alsace
Dans l'euphorie de la période des vendanges, le portique de Mulhouse a invité le 6 octobre le directeur de l'Association des viticulteurs d'Alsace Frédéric Bach, pour parler des vins d'Alsace. Avec précision et humour, il a rappelé que depuis l'invasion des soldats romains, l'Alsace est viticole ! Les Celtes découvrent cette nouvelle boisson et en raffole très vite. Mais ce n'est que depuis le VIIIe siècle que nous possédons des écrits notamment issus des abbayes où les moines sont les vecteurs de cette nouvelle culture qui s'accrochent aux coteaux.
Pensez donc, dès le Xe siècle l'histoire recense 160 communes viticoles, réduit désormais à 119. Il évoque ce qui est convenu d'appeler "l'âge d'or", le XVIe siècle avec la construction des châteaux, des bâtiments publics, des remparts ou encore la création de la fonction de courtier en vins. C'est aussi le début des misères ! La guerre dite de Trente ans dure de 1618 à 1648 et laisse le souvenir de destructions, de tueries en obligeant les Alsaciens à devenir des Français. Le Sonnenkönig - entendez par là le Roi soleil- dominera le pays d'une main de fer.
1870 c'est le retour dans le giron de l'empire Allemand, proclamé dans la galerie des glaces de Versailles. Excusez du peu ! Mais les royaumes allemands ne sont pas des pays viticoles et la qualité des vins s'en ressentira. Ajoutez à ça le phylloxéra, les crises viticoles dans le Languedoc ou en Champagne et, surtout, le glissement vers les vins frelatés. En 1912 pour tenter de parer à cette perte de qualité les viticulteurs fondent l'association des viticulteurs d'Alsace. 1918 retour au pays du bon vin où en 1929 à Montpellier on invente le greffage des vignes. La plante est sauvée et en 1937 première AOC en France. Mais Àchtung, en 1940 l'Alsace redevient, par la force, allemande. Libération de 1945 : le général de Gaulle signe un décret confirmant l'AOC Alsace. Et c'est la poursuite de la recherche de la qualité avec de nouvelles méthode de travail : réduction des volumes, diminution des traitements, taille d'hiver, limitation des cépages. L'Alsace inaugure la fameuse "route des Vins" dès 1953. En 1972, à la demande des vignerons, une loi, oui oui, carrément une loi, oblige la vente des vins d'Alsace qu'en bouteille. Un gage de qualité et l'assurance d'un vin d'Alsace.
On connait la suite : 1976 l'appellation crémant, en 1979 les délicieuses vendanges tardives, la création des 51 grands crus et bientôt un tiers des 15 500 ha du vignoble en culture bio.
Avec passion Frédéric Bach a captivé l'attention des compagnons. Il a su, à chaque étape, y glisser un trait d'humour en relation avec les efforts du syndicat des viticulteurs pour préserver la qualité des vins. Il se faisait déjà bien tard et le major-prime Claude Schneider eu le plaisir de lui offrir du vin d'Alsace pour lui exprimer la gratitude des compagnons. Le chant des Allobroges a clôturé les agapes.