Pains de Saint-Antoine et don pour l'Irak

Portique de Mulhouse Haute-Alsace

La traditionnelle montée vers Saint-Antoine le 18 janvier 2020 a été un grand jour pour le Sarto. Le Grand maître du greffe Gilbert Ghelfi avait fait le déplacement jusqu'à Uffholtz pour participer à cette fête à nulle autre pareille. Des centaines de personnes ont accueilli le prélat d'Orient Mgr Rodolphe Vigneron, chorévêque de l'archevêque de Mossoul en Irak, qui a présidé la fête. L'occasion pour lui de présenter son grand projet "pour replanter de la vigne dans la Plaine de Ninive. Je m'appelle Vigneron et je connais le vignoble d'Alsace. Je sais qu'il a dû, notamment dans le secteur de Uffholtz au début de la route des vins, être totalement replanté après la guerre de 1914-1918. L'Irak c'est quand même le berceau de notre civilisation, c'est là qu'on a découvert l'écriture, c'est là qu'est née la religion monothéiste, c'est là qu'Abraham est parti. Durant la guerre, les fanatiques de Da'ech ont déplacé les gens, tués les habitants et les chrétiens en particulier, détruit les villes et les cultures agricoles. Ils ont non seulement détruit la vigne, mais encore arraché les pieds pour empêcher une repousse. J'ai donc lancé l'idée de réimplanter la vigne. Selon une estimation de l'archevêque de Mossoul il faudrait compter 17 000 dollars. Ce projet pourrait faire vivre environ 70 familles qui viendraient vendre du raisin sur les marchés et faire un peu de vin".

Sensible à cet appel, le portique de Mulhouse Haute-Alsace y a répondu favorablement. Le major-prime Claude Schneider, en remettant au prélat un don de 200 €, a rappelé que "notre compagnie a été créée pour sauver la mondeuse. Nous aussi nous pouvons sauver ou faire revivre le vignoble d'Irak avec un don modeste". "Ce n'est pas modeste, s'est défendu le prélat, en Irak ça vaut mille fois plus. Ces gens n'ont rien; il n'y a pas de ministère de la reconstruction comme chez nous après les guerres, les services publics son balbutiants et c'est l’Église qui prend les choses en main. Le seul fait de savoir que nous pensons à ces chrétiens en Orient est déjà pour eux un grand réconfort".

Durant la réception en mairie les compagnons ont chanté "le chant des Allobroges, un chant de liberté que nous dédions aux chrétiens d'Orient". Le geste financier du Sarto a été suivi par un autre de 300 € du Syndicat viticole de Cernay et environs et aussi par le Syndicat d'initiatives de Cernay avec 100 €.

Après l'accueil protocolaire, la fête s'est poursuivie à l'église Saint-Erasme. Comme de tradition se sont les compagnons qui ont porté 300 petits pains devant l'autel. Mgr Rodolphe Vigneron les a béni et à la sortie de l'office ils ont été proposé en partage aux 700 ou 800 fidèles. Les musiciens Bavarois ont rehaussé grandement la messe. Puis marche à la chapelle à travers le vignoble et la forêt pour le vin chaud et au retour dans la salle des fêtes les délicieux Fleischschnacka. Outre le prélat, ou encore le maire de la ville bavaroise de Senden, le grand maître du greffe Gilbert Ghelfi a été gratifié d'un "cochon d'honneur" qui lui a été remis par l'animateur de la fête Tharcise Meyer, par ailleurs vexillaire du portique et Monique Meyer, son épouse.

Ce n'est que très tard dans la nuit que les 380 convives du repas unique se sont promis de se retrouver l'an prochain. Gilbert est reparti chez lui dans la nuit, heureux d'avoir pu revoir son pays natal.

Photos Louis Griffanti.