Pluie et brouillard d'été

Portique de Mulhouse Haute-Alsace

Le portique de Mulhouse s'était réservé cette date du jeudi 5 août depuis quelque mois déjà. Un jour en plein été. Les compagnons ont été servis : du brouillard pour monter à la ferme-auberge Uff Rain et une pluie battante pour la descente !

Sur la route des Crêtes, les compagnons avaient rendez-vous au col du Hahnenbrunnen, comprendre au col de la fontaine des coqs de bruyères, à 1186 m. On ne voyait pas à dix mètres. Stoïques, les compagnons ont marché, privés de la vue magnifique sur la plaine d'Alsace, emmitouflés sous des parapluies ou des anoraks. Sentiers boueux, minés (lire bouses de vaches, nous sommes sur des pâturages de haute montagne), caillouteux, bordés de fleurs, de souches de gentianes, parfois de lys martagon, de chardons fleuris, de digitales, de pensées sauvages ou encore de reines des prés. A midi, la ferme-auberge à 1180 m. Michel le fermier nous accueille et chacun est heureux de prendre l'apéro réconfortant. Les uns un amer, d'autres un panaché, d'autres encore un blanc sec ou une bière. Puis l'on poursuit avec le repas : marcaire avec des roïgabragelda cuit sur la braise, assiettes de charcuteries et fromages, tête de veaux, gratin au bargkaas, ou tourte ou jambon. Ajoutons du pinot noir, du pinot gris ou de l'edelzwicker. Il fallait compléter par un dessert et nombreux étaient les convives à avaler avec gourmandise la spécialité de la maison, le fromage blanc au kirsch. Une tuerie ! Nous avons cependant survécus. Après plus de trois heures de travail épulaire salutaire, au chaud de la ferme-auberge, Claude, le major-prime, rappela qu'il fallait penser à retourner chez soi.

Les compagnons n'étaient pas au bout de leur peine car la descente se fit sous une pluie battante, un vrai déluge, les vannes célestes nous noyaient sous les eaux. Les souliers trempés, les pantalons trempés, les vestes trempées, les parapluies trempés, l'acier trempé; bref trempés. Dans des sentiers où l'eau coulait à flot en formant des crevasses qui ravinaient le chemin. Même les vosgiennes étaient presque invisibles. Pataugeant dans l'eau, chacun a pu reprendre sa voiture, heureux. Oui, heureux, car, vous l'aurez deviné : il s'agissait de mouiller sa chemise pour se revoir après des mois de confinement. Et, comme on dit, les grands moments s'arrosent !