La noblesse des jardins

Portique de Mulhouse Haute-Alsace

Les agapes du 3 mars 2022 du portique de Mulhouse ont été l'occasion pour chaque compagnon d'aller à la découverte de son jardin secret. Ou, plutôt, les compagnons ont pu entrer dans le secret des jardins. Le portique avait demandé à Cécile Modanese, docteur en histoire, et spécialiste des jardins et de l'horticulture, de venir en parler.

Dans un exposé en trois parties, Cécile Modanese a su captiver les compagnons pour les jardins en général et les végétaux en particulier. André Le Nôtre évidemment, à Versailles, fait partie des ces mythes, ou presque, qui ont apporté les lettres de noblesses aux jardins. Selon la si souriante historienne "l'histoire des jardins est une discipline jeune et s'ouvre aussi sur l'approche philosophique. Un jardin est axé sur le vivant, c'est à dire qu'il est appelé à disparaître par opposition aux pierres". Elle a évoqué pour la France "Les rendez-vous au jardin" en 2002 puis en 2004 les "Jardins remarquables" qui ont impulsé une nouvelle approche. Elle a posé la question : "Un jardin est-il utilitaire ou d'agrément ?. Il reflète la culture d'une société. On se souvient du jardin du grand-père ou d'un jardin public. Et puis il y le fameux jardin d’Éden, le premier jardin ou encore ceux plus mystérieux des jardins suspendus de Babylone. Puis viendra le jardin monastique selon le plan de Saint-Gall et la culture de la rose, élément essentiel d'un jardin". Elle a cité pour l'Alsace le jardin des comtes de Ribeaupierre à Ribeauvillé du XVIe s. Elle a pourfendu le terme "jardin à la française" ou encore celui dit à l'anglaise. "Parlons de jardins rectilignes ou paysagers naturels". Et de citer les premiers jardins d'agrément publics tels Les Buttes Chaumont ou le Parc de la Tête d'Or à Lyon. Par la suite les jardins ouvriers dès 1819 en Angleterre et les hybridations des fruits : poires, pommes ou cognassiers. Puis viendra "la passion des fleurs comme le chrysanthème ou les camélias pour lesquels des collectionneurs vont dépenser des fortunes chez des pépiniéristes comme la famille Baumann à Bollwiller". A l'appui de son exposé, Cécile Modanese a présenter une centaine d'images qui ont permis aux compagnons de se situer dans les géographies du récit.

Le major-prime Claude, rappelant que Cécile Modanese est membre de l'Académie d'Alsace, a pu la remercier chaleureusement "d'avoir fait partager sa passion des jardins, à éveiller auprès des compagnons des idées de voyages de découvertes". Il lui a offert les bouteilles de vin d'Alsace pour la remercier, sous les applaudissements nourris des compagnons. D'ailleurs, dans le thème des fleurs, la cuisine du "Canon d'Or" avait préparé des plats agrémentés des couleurs des légumes.

Le vexillaire Tharcise avait invité les compagnons à clôturé les agapes par le chant des Allobroges "un chant de liberté. Pensons à ceux en Ukraine qui ne peuvent plus ni se réunir amicalement ni chanter la liberté" sous les regards compatissants et médusés des autres convives du restaurant. Pour évoquer, avec un peu de retard, le Mardi gras, le portique a offert des Schangala pour accompagner le café, beignets typiques alsaciens de cette période précédent le carême.