ivreaCarnaval d'Ivrea

Portique de Chivasso

Le carnaval d’Ivrea ou Ivrée est une plongée dans l’histoire, et la légende médiévale retoquées par un napoléon réformateur et organisateur dont les symboles et les costumes seront très présents tout au long de ces 3 journées de fêtes. 38 compagnons de la compagnie du Sarto ont rejoint Giancarlo Braga, nouveau Major Prime du portique de Chivasso, qui a organisé avec enthousiasme et succès ce dépaysement de 3 jours.

Le soir de notre arrivée, après notre participation au défilé aux flambeaux, un repas de gala nous attendait, organisé par l’association « Le Club PAPILLON d’Ivrea et del Canavese ». Près de 200 personnes y assistaient. Il a été réalisé et servi par les élèves de l’école hôtelière de Turin qui avaient préparé un menu autour des légumes secs de l’entrée jusqu’au dessert qui, en effet, nous réservait une surprise : une glace aux haricots.

ivrea1Ce menu était la suite logique du colloque organisé deux heures plus tôt auquel ont assisté quelques rares compagnons puisque tout était énoncé en Italien.

Colloque intitulé : « I Legumi, Cibi che cambiano il Mondo »soit « Les légumes, ces aliments qui changent le Monde ». Giancarlo, pensant à tout, a fait venir pour cette soirée le doyen des Compagnons Italiens, notre ami Renato Frisiero tout surpris car resté dans l’ignorance de notre venue au carnaval. Quelques larmes ont perlé mais le sourire a vite repris le dessus. Le Sarto invité d’honneur a été présenté au cours de cette soirée et le Cœur Sartorien figurait sur le menu.

Après une nuit réparatrice, coiffés de notre bonnet phrygien offert par Giancarlo, nous sommes allés attendre le général de la fête, protecteur de la reine (la Mugnaia, la fille du meunier) qui sera l’objet de notre attention pour ces 2 jours.

Pourquoi le bonnet phrygien penserez-vous ! Nous en parlons plus loin.  Pour que nous tenions la distance, Giancarlo n’hésita pas à nous emmener déjeuner à Zimone au milieu des vignes (Al ristorante DA ENRICO spécialiste del Fritto misto). Là nous attendait un menu piémontais (10 plats ! Les téméraires pouvaient en reprendre). Pour nous aider à digérer, une excellente grappa terminait ce repas.

Le soir, il nous fallut bien du courage pour accéder à la salle ou la Mugnaia recevait les délégations avant d’apparaître au balcon puis défiler en cortège avec ses pages, ses suivants et les grenadiers de Napoléon dans les rues médiévales d’Ivrea.  Le journal local avance le chiffre de 35 000 personnes dans la ville d’où les rues encombrées de multiples et ravissants costumes le tout dans un bel ordonnancement.

Rien n’est jamais achevé au cours de ce carnaval. Giancarlo nous emmène dans un jardin, presque une cuisine de campagne et nous voici dégustant la « Fagiolata » ! Une soupe traditionnelle servie à minuit composée de haricots, saucisson, lard et aromates. Les italiens présents ont interprété à notre attention la chanson du Carnaval !

ivrea2Le dimanche, nous avons pris nos positions tôt pour assister à la bataille des « aranceri » les lanceurs d’oranges des 5 quartiers d’Ivrea représentés chacun par un char armé de « soldats du quartier » et d’une grande provision d’orange pour munitions.  Ces chars défilent dans la ville de place en place et attaquent les nombreux piétons armés eux aussi d’oranges. Les fruits représentent les armes, les chars contiennent les défenseurs du tyran et les équipes à pied le peuple qui se révolte.

Le bonnet phrygien est la marque de la neutralité. Ce bonnet rouge en forme de bas représente l’adhésion idéale à la révolte et aussi l’aspiration à la liberté comme ce fut pour les protagonistes de la révolution Française.
Il vous préserve de jets d’oranges intempestifs (rarement volontaires). On remarquera que toutes les devantures des magasins sont barricadées et protégées de ces jets d’oranges ce qui évite de salir les façades. Plus de 400 tonnes d’orange hors normes ou périmées sont utilisées. Le parterre en est couvert, l’odeur des oranges écrasées domine tout.

Les impératifs de conduite de notre chauffeur ne nous font pas oublier l’heure du départ ainsi ce fut le retour en France des images plein les yeux.

Merci à Giancarlo Braga pour ce magnifique week-end culturel et gastronomique.

Historique

ivrea3Dans Ivrea, petite ville du piémont de 25.000 habitants, le Carnaval, et sa Bataille d’oranges sont la rétrospective d’une tranche d’histoire et de légende.

Le véritable protagoniste est la ravissante Mugnaia, symbole de liberté et héroïne de la fête depuis son apparition en 1858. Le Général d’origine Napoléonienne qui l’accompagne guide le brillant état Major à la suite du Grand Chancelier (non pas Roger !) tout à la fois Cérémoniaire et garde d’une tradition l’ensemble au son des fifres et tambourins.

L’esprit historique est parfaitement transmis par la chanson du carnaval qui évoque le soulèvement du peuple contre le Marquis de Montferrat qui affamait la ville.

Dans la légende ce fut le geste héroïque de Violetta, fille d’un meunier, qui se rebellât contre le droit de cuissage du seigneur et le tua avec sa propre épée. La bataille des oranges évoque donc cette révolte !!