Sartorie impériale Napoléon et Moutiers
Portique de Tarentaise
Le dimanche 5 mars, notre compagnon Jean-Paul Bergeri donnait sa conférence annuelle pour le portique. Pas moins de 33 compagnons ont découvert que si Napoléon n’a jamais visité Moûtiers, directement ou indirectement il a joué un rôle sur la ville.
Jean-Paul nous a rappelé que depuis quelques siècles les savoyards n’ont pas cessé de devenir français. La première fois de 1538 à 1559 avec François 1er, puis en 1792 avec la révolution française durant laquelle la Savoie a été envahie, avec un accueil favorable des habitants. Elle devient un département, celui du Mont Blanc jusqu’en 1815. Napoléon créant les préfets, Moûtiers devient sous-préfecture en 1800.
Deuxième action de l’empereur sur la ville : la décision impériale en février 1802 de fermer l’école des Mines de Paris et d’en ouvrir une à Moûtiers où seront donnés les cours théoriques l’hiver et à Peisey pour la pratique l’été. Le directeur, Johan Gottfried Schreiber, ouvre aussi une mine à Macot (plomb et houille) et organise les Salines de Moûtiers. Il crée aussi une fonderie dans les environs de Conflans pour exploiter le minerai. Ainsi « l’Ecole des Mines du Mont Blanc » n’a pas coûté le moindre centime à l’Etat. Les premiers élèves arrivent en 1803, une manne pour les logeurs de la ville, les élèves étant payés (le logement le moins cher : 350 F par an, soit 700 jours de travail d’un manœuvre). Au total, environ 60 ingénieurs des mines sortiront de l’école. Parmi les enseignants, André Brochard de Villiers père de la géologie et initiateur des premières cartes géologiques des Alpes. En 1810, la ville décide de créer la « Place des Victoires Napoléon » afin que les habitants puissent se promener. L’empereur est à l’apogée de sa gloire et vient de se marier avec Marie Louise qui attend le futur Roi de Rome. La commune vient d’abattre les deux derniers platanes d’origine.
Si Moûtiers n’a pas connu directement les guerres napoléoniennes, de nombreux savoyards ont fait partie de la Grande Armée. En particulier, Jean Marie Mermoz, dont le nom a été francisé en « Merme ». Né à St Laurent la Côte, petit village voisin, il monte à Paris à 10 ans en compagnie de son frère. Il assiste à la prise de la Bastille et à l’exécution de Louis XVI. Il s’engage avant l’âge légal de 15 ans et participe aux guerres révolutionnaires puis napoléoniennes : Italie, Palestine, Egypte, Espagne, Europe centrale, Russie … Il est blessé deux fois et décoré de la Légion d’honneur le soir d’Austerlitz par l’empereur lui-même. Lors des adieux de Fontainebleau, il décide de quitter l’armée : « Quand on a servi un empereur, on ne sert pas un roi. Je vais aller embrasser ma mère !! » … qui ne l’a pas vu depuis 20 ans !!! Son arrivée à Moûtiers fut remarquable et remarquée : on peut dire qu’il est le premier contrevenant pour excès de vitesse, refus d’obtempérer et ivresse !! En effet, suite à son arrivée au grand galop sur son cheval, il est difficilement arrêté (« Touche pas à mon cheval sinon je te coupe en deux »). Puis il termine ivre au poste de garde en compagnie de 5 piémontais qu’il avait envoyé chercher à boire….
La ville a connu des combats le 18 juin 1815, lors de la fin des Cent Jours : une bataille acharnée entre troupes françaises et piémontaises sur un plateau en amont de la commune. Le 27 juin, le Colonel Bugeaud (oui, oui, celui de la casquette !!) est à Moûtiers avec 107000 chasseurs lorsqu’il apprend l’arrivée d’une armée autrichienne vers L’Hôpital (Albertville aujourd’hui). Pour exalter ses hommes, son discours place des Victoires est simple « Vous faites face à 10 000 lapins, la chasse sera bonne si demain soir nous avons 3 000 pièces de gibiers ». Le lendemain soir, 2960 autrichiens sont morts ou prisonniers… Ceci explique la rue Bugeaud à Albertville. Le soir même, il apprend l’abdication de l’empereur. Ce fut donc la dernière victoire napoléonienne.
Les compagnons ont enfin terminé la conférence en admirant la chapelle privée des évêques dans laquelle on peut découvrir le chemin de croix du pape Pie VII, laissé en France après le couronnement de l’empereur.
Ils ont ensuite partagé un couscous royal préparé par notre ami « Baby ». Tellement royal que tous sont partis avec un Tupperware !!!Une journée dense en nourritures spirituelles et matérielles.