sartorie painSartorie du Pain

Portique de Tarentaise

Les compagnons (cum panis) sont ceux qui mangent le même pain.

C’est cette histoire du pain que notre compagnon Jean-Paul Bergeri nous a contée le 12 février dernier au musée de Moûtiers. Si aujourd’hui, nous mangeons en moyenne 150 g de pain par jour, il y a 200 ans le Savoyard en consommait 1,5 kilogramme. C’était donc la base de la nourriture. Voilà pourquoi une journée sans manger était longue « comme un jour sans pain »… Pain mangé « trempé » avec du bouillon.

Dès l’antiquité, le pain est partout. Il faut dire que les hommes en consomment dès le néolithique, quand ils sont devenus agriculteurs.

L’histoire du pain est liée à un certain nombre d’éléments essentiels : Une bonne terre, suffisamment chaude et humide, le travail des hommes et des outils.

sartorie pain1D’abord le bâton à fouir, puis l’araire, liée à la révolution des métaux qui date de - 4000 ans dans les Alpes.  Ce sont les Allobroges qui ont amené le fer permettant la création de socs solides. Mais il faut attendre le Moyen-âge pour voir l’invention de la charrue à versoir, plus efficace. Cependant l’araire a été utilisé encore récemment par les paysans savoyards, particulièrement dans les vignes.

En Savoie, les agriculteurs étaient nommés « les porteurs de terre » : la difficulté du travail dans nos montagnes est la pente, et hommes et femmes devaient chaque année remonter en haut des champs la terre qui avait une fâcheuse tendance à descendre. D’où ce pénible travail s’effectuant avec un « casse cou ». La moisson en août se pratiquait à la faux et, le plus souvent, à la faucille pour éviter la perte des grains. Le battage au fléau était l’occasion d’entonner des chansons spécifiques afin de travailler en cadence. La paille servait de litière pour animaux et hommes (les paillasses), de toitures ou pour confectionner des chapeaux. Chapeaux de paille que notre compagnon Sophie Braissand a réappris à fabriquer à de jeunes filles de la vallée des Allues.

La céréale la plus cultivée dans nos montagnes était le seigle, plus rustique, plus résistant au gel. Les champs pouvaient monter jusqu’à 1400 m d’altitude. Le pain blanc était le pain de Noël, lors des 12 jours entre Noël et l’Epiphanie. En cas de disette il n’était pas rare d’y ajouter du son, voire coquilles de noix ou sciure dans des cas désespérés. Communauté villageoise comme le bâchal, les alpages et la forêt. Les familles effectuaient un roulement selon un règlement propre à chaque village. Le pain était stocké dans des greniers construits à côté de la maison.

Greniers dans lesquels on conservait pains, grains, habits du dimanche et papiers importants : cela permettait de sauver l’essentiel en cas d’incendie. De magnifiques sont encore conservés à Boudin, près de Beaufort.

Cette année, le Portique de Tarentaise a fait le choix de poursuivre son action vers le patrimoine local en aidant au financement de la rénovation du four banal du superbe village de Tincave.

Cette conférence de notre compagnon Jean-Paul nous a confortés dans la justesse de cette option en nous rappelant la valeur d’un produit qui nous paraît aujourd’hui si commun.

Les compagnons ont terminé par un repas (avec du pain maison !!) au Coq Rouge à Moûtiers où Sophie et Patrick nous ont régalés.